"Pour les États-Unis, il y a une crainte effectivement de voir le Sénégal dans la suite des pays du Sahel sortir de l'influence occidentale, se rapprocher militairement de la Russie ou économiquement de la Chine", a-t-il dit.
Malgré plusieurs alertes et signaux envoyés en amont par l’opposition sénégalaise, la communauté internationale n’a rien entrepris pour prévenir une crise, souligne le panafricaniste.
"Le fait que les États-Unis et l'Union européenne et d'autres acteurs internationaux s'ingèrent dans la situation actuelle est assez paradoxale puisqu'ils n'ont rien fait pour que nous n'en arrivions pas justement à cette crise, à ce blocage", insiste-t-il.
"Pour les États-Unis, il s'agit [...] d'identifier leurs intérêts dans ce conflit politique et de voir comment se poser en tutelle au niveau du Sénégal qui est dans le giron classique de la France", poursuit M.Boukari-Yabara.
Or, la France "n'a pas grand-chose à offrir à l'Afrique aujourd'hui", poursuit-il.
"Je pense que la question des bases militaires qui sont présentes encore au Sénégal, en Côte d'Ivoire, au Gabon, au Tchad et à Djibouti est de plus en plus urgent à régler. Il faut que la France comprenne qu'elle doit se retirer militairement, monétairement et d'une certaine manière, politiquement et diplomatiquement, de son ancien pré carré".
Le Président Macky Sall a annulé le 3 février son décret convoquant les Sénégalais aux urnes le 25 février pour élire un nouveau chef d’État.
L’Assemblée nationale a approuvé le report de la présidentielle au 15 décembre prochain.
Les États-Unis ont déclaré que le vote "ne pouvait pas être considéré comme légitime" compte tenu de l’expulsion de force des parlementaires opposés au projet. Washington a exhorté Dakar à respecter la Constitution et les lois électorales.