Créée en 2004 par le président George W. Bush, le MCC s’était imposé comme un outil emblématique du soft power américain, misant sur des investissements structurants dans les pays à faibles revenus, en particulier en Afrique. Son approche conditionnelle réserver les fonds aux Etats engagés sur la voie de la bonne gouvernance, de la transparence économique et de la démocratie en faisait une alternative crédible à d’autres formes d’aide internationale plus souples sur les critères.
Même si l’information n’est pas encore officielle par la Maison Blanche, la décision a été confirmée par plusieurs sources proches du dossier. Le New York Times a révélé que c’est lors d’une réunion interne, tenue le mercredi 23 avril 2025, que les employés du MCC ont été informés de la fermeture prochaine de l’agence. Depuis sa création, le MCC a investi près de 17 milliards de dollars dans des projets d’envergure : infrastructures routières, réseaux d’irrigation, électrification rurale. A l’heure actuelle, quatre pays bénéficieront d’une période de transition prolongée, dont deux africains : la Côte d’Ivoire, avec le projet de transport urbain d’Abidjan, et le Sénégal, à travers le « Power Compact » destiné à renforcer le secteur de l’énergie.
Heureusement, le Togo n’a pas attendu cette mauvaise nouvelle pour revoir sa stratégie. Dès la fin de 2024, les autorités togolaises avaient décidé de suspendre temporairement leur participation au programme Compact du MCC, malgré leur éligibilité. Pourquoi ? Parce que les projets proposés n’incluaient pas certaines zones sensibles du pays, comme la région des Savanes. Le gouvernement craignait aussi que les plans du MCC ne tiennent pas suffisamment compte de la sécurité dans ces régions. C’est donc par prudence que le Togo avait demandé une pause, préférant revoir les conditions d’un tel partenariat.
Aujourd’hui, cette décision semble très sage. En prenant les devants, le Togo a évité de s’investir dans un projet incertain. Le président Faure Gnassingbé a ainsi montré qu’il était important pour le pays de garder le contrôle sur ses choix de développement. Il ne s’agit pas de refuser l’aide extérieure, mais de s’assurer qu’elle corresponde vraiment aux priorités nationales. Le Togo donne ainsi un bel exemple de clairvoyance et de responsabilité.
« Il faut se réjouir de la clairvoyance du Togo qui a choisi de ne pas se précipiter pour entamer un compact au contenu non consensuel. Pour rappel, c’est le fait que le Togo insistait sur l’approche urgente des actions à mener dans les Savanes et que le partenaire américain ne partageait pas le même avis, qui avait amené l’autorité à choisir de prendre le temps de la réflexion et d’une préparation idoine sur le plan interne… Au vu de ce qui arrive dans l’intervalle, on se réjouit de la sagesse anticipée du Président de la République qui a privilégie la sécurité de son peuple aux dépend des fonds étrangers. Les réformes initiées par le Togo ont été faites d'abord pour les togolais et Faure Gnassingbé est fier de ses réformes qui elles vont se poursuivre. On peut citer entre autres les réformes dans le cadre de la création des entreprises, du foncier notamment le titre foncier, le tribunal du commerce etc ... », apprend-t-on d’une source officielle.
La décision de l’administration Trump confirme ainsi une inflexion plus large de la politique étrangère américaine : celle d’un repli sur les intérêts immédiats des Etats-Unis, au détriment d’une stratégie d’influence plus globale, fondée sur le partenariat et la projection de valeurs.
Même si le MCC disposait d’un budget bien plus modeste environ 1 milliard de dollars par an, soit 50 fois moins que l’USAID sa portée symbolique et stratégique n’en était pas moins significative.