De la mise en œuvre de l'assurance maladie universelle (AMU) aux programmes ciblés pour les femmes enceintes et les élèves, les chiffres parlent d'eux-mêmes et dessinent les contours d'une nouvelle ère de solidarité nationale.
Tout commence vraiment en 2021, lorsque le Togo adopte une loi instaurant une couverture maladie universelle, avec un objectif clair : atteindre 60 % de couverture d'ici 2025. Trois ans plus tard, cette ambition est en passe d'être réalisée.
En mars 2025, ce sont près de 2,4 millions de personnes qui sont effectivement couvertes par l'AMU, soit environ un tiers de la population. Un bond impressionnant, quand on sait qu'ils n'étaient encore que 800 000 bénéficiaires en juillet 2024. Cette montée en puissance illustre une volonté politique affirmée et une capacité de mise en œuvre accélérée.
L'AMU offre une prise en charge étendue : consultations, médicaments essentiels, hospitalisations, ainsi que des soins maternels et infantiles. La césarienne, par exemple, est quasi totalement subventionnée par l'État. Une mesure qui sauve des vies, dans un pays où la mortalité maternelle reste un défi.
L'initiative est d'autant plus remarquable qu'elle s'accompagne d'un effort sans précédent pour moderniser les infrastructures de santé : en 2024, plus de 200 nouveaux centres de santé ont été construits et 300 autres réhabilités, grâce à un financement estimé à 70 milliards de francs CFA, mobilisé notamment auprès de la Banque mondiale. En parallèle, 5 centres mère-enfant sont en cours de construction à Lomé dans le cadre d'un partenariat public-privé.
Cette logique d'inclusion sociale se décline également à travers des programmes spécifiques. Le plus emblématique reste sans doute School Assur, devenu School AMU en octobre 2024. Lancé en 2017, ce programme gratuit assure les élèves des établissements publics contre la maladie et les accidents. Il leur garantit une prise en charge dans les centres de santé publics pour les consultations, analyses, frais pharmaceutiques, hospitalisations, et offre même des indemnités en cas d'invalidité. L'intégration de ce programme dans l'AMU permet désormais d'harmoniser la couverture santé des jeunes et d'étendre davantage le filet social.
La stratégie togolaise consiste aussi au déploiement des campagnes médicales foraines dans les zones rurales, où l'accès aux soins est souvent un luxe. En juillet 2024, l'une de ces campagnes, organisée à Kara, a permis de prendre en charge gratuitement plus de 5 600 personnes, grâce à des consultations, des dépistages, des médicaments gratuits et des sensibilisations ciblées. Ces actions ne se contentent pas de soigner ; elles collectent aussi des données cruciales sur l'état de santé des populations éloignées des structures médicales, permettant d'orienter les politiques publiques de manière plus précise.
La prise en charge des femmes enceintes fait aussi l'objet d'un traitement prioritaire. En plus de la subvention des frais de césarienne, des programmes de gratuité des soins prénataux et des transferts monétaires sont déployés dans les communautés vulnérables. Ces aides financières, modestes mais vitales, contribuent à réduire la mortalité maternelle et infantile, et à renforcer la confiance des populations envers le système de santé.
Pour assurer la durabilité de l'assurance maladie universelle, un séminaire stratégique national s'est tenu en novembre 2024 à Kpalimé. Il a permis de poser les bases d'une gouvernance plus inclusive. L'une des priorités reste l'élargissement de la couverture aux travailleurs informels et aux agriculteurs, qui représentent une part majeure de l'économie togolaise, mais restent encore largement en dehors du système formel de protection sociale.
L'impact de ces politiques sur les populations togolaises est tangible. Pour des milliers de familles, il n'est plus nécessaire de choisir entre se soigner et manger. La santé n'est plus un privilège réservé aux salariés du secteur formel. Grâce à ces efforts, l'État togolais réussit là où beaucoup de pays africains peinent encore : construire un système de solidarité efficace, soutenable et étendu, sans sacrifier les équilibres budgétaires.









