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Afrique/ Dette publique :Faure Gnassingbé dénonce l’hypocrisie du système financier international qui néglige les dépenses sécuritaires africaines

mai 12, 2025 0 1044

Le Togo accueille ce 12 mai 2025 la Conférence de l’Union Africaine sur la dette publique  autour du thème : « L’Agenda africain de gestion de la dette publique en matière de restauration et de préservation de la viabilité de la dette ».

C'est en présence des chefs d’État  John Dramani Mahama du Ghana, de Faure Gnassingbé, président du conseil, du secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) des Nations Unies, Claver Gatete, et  des personnes ressources dans la sphère financière et économique du continent. 

 Dès l’ouverture, le président togolais, Faure Gnassingbé, a livré un message fort, appelant à une refonte des approches internationales sur la dette africaine.

Dans son allocution, Faure Gnassingbé a alerté sur la gravité de la situation, qualifiant la crise de la dette d’« invisible mais structurelle ». Il a souligné qu’en 2024, l’Afrique a consacré plus de 160 milliards de dollars au service de la dette, dépassant largement les budgets alloués à des secteurs clés comme l’éducation et la santé. Selon lui, cette situation résulte d’un système financier mondial injuste et inadapté aux réalités africaines.

Le président du conseil des ministres de l’État togolais a ensuite plaidé pour un renouvellement des cadres d’analyse actuels jugés obsolètes et trop conservateurs. Il propose que l’endettement soit perçu comme un levier de transformation économique, à condition qu’il soit dirigé vers des investissements structurants. Faure Gnassingbé a également dénoncé l’hypocrisie du système financier international qui néglige les dépenses sécuritaires africaines, estimant qu’assurer la paix et la stabilité est une priorité qui doit être intégrée dans les critères de soutenabilité de la dette.

Appelant à un changement de regard, Faure Gnassingbé a exhorté la communauté internationale à comprendre que financer l’Afrique n’est pas une faveur mais une nécessité stratégique pour la stabilité mondiale. Il a averti qu’ignorer les besoins africains en matière d’adaptation climatique et de développement pourrait avoir des répercussions graves, allant des crises migratoires aux déséquilibres géopolitiques.

Le président togolais a invité les dirigeants africains à construire une doctrine collective et panafricaine de la dette, portée par des institutions régionales solides. Pour lui, l’Afrique doit dépasser les approches nationales fragmentées et s’affirmer dans les forums internationaux avec une voix unifiée, pour défendre ses marges de manœuvre budgétaires et sa souveraineté économique.

La dette, lorsqu’elle est maîtrisée et orientée vers des investissements productifs, est un levier de croissance. Mal gérée, elle devient un piège pour les générations futures.

En 2024, la dette publique totale de l'Afrique atteindra 1,86 trillion de dollars, avec des ratios moyens dette/PIB passant de 44,4 % en 2015 à 66,7 % aujourd'hui.

"Sur l'ensemble du continent, plus de 20 pays africains sont déjà en situation de surendettement ou au bord du gouffre. Lorsque les remboursements de la dette dépassent les investissements dans la santé et l'éducation, nous devons nous interroger sur la durabilité et le coût humain de notre trajectoire fiscale. Et si l'Afrique, qui détient 30 % des minerais essentiels, 60 % des terres arables et la population la plus jeune de la planète, n'est pas considérée comme bancable, alors qui le sera ? Oui, nous devons fournir aux pays les capacités nécessaires pour améliorer leur notation, mais la transparence est essentielle. Cela implique d'élargir et de numériser notre base fiscale, de combler les fuites, de tirer parti de la technologie et de lutter contre les flux financiers illicites qui coûtent à l'Afrique plus de 88 milliards de dollars chaque année", a souligné Claver Gatete de la CEA.

Face à une dette publique africaine croissante, exacerbée par les crises économiques et climatiques, cette rencontre vise à élaborer une position commune des États africains pour une gestion plus équitable et durable de l’endettement.

L'Afrique doit montrer la voie en déployant des instruments tels que les obligations vertes, les obligations bleues et la dette liée à la durabilité pour débloquer les capitaux liés au climat. En outre, les échanges dette-climat et dette-nature permettent d'alléger la pression fiscale tout en investissant dans notre planète.
Des pays comme le Cabo Verde, le Gabon, les Seychelles et le Maroc montrent déjà la voie, et la CEA reste déterminée à fournir le soutien technique nécessaire, à renforcer les capacités et à défendre des initiatives telles que la Coalition pour une dette durable.

Last modified on lundi, 12 mai 2025 13:12

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