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Côte d’Ivoire : Le gouvernement suspend les importations de boissons énergisantes alcoolisées pour lutter contre la drogue Kadhafi

octobre 26, 2023 0 1059

 

Le mélange d’une boisson énergisante alcoolisée (vody 18%) et de comprimés à base de tramadol dosé à 250 mgdénommé « Kadhafi » est une drogue particulièrement attractive pour les jeunes à la recherche de sensations fortes en Côte d'ivoire.

Le Vody, boisson énergisante alcoolisée, est très populaire en Côte d’Ivoire comme dans certains pays de la sous-région. Sa notice laisse découvrir que c’est un concentré d’arômes, de niacine, d’acide pantothénique, de vitamine B6 et B12 et surtout d’alcool.

Le ministère ivoirien du Commerce et de l'Industrie et celui de la Santé et de l'Hygiène publique ont suspendu depuis le 3 octobre dernier, les importations de boissons énergisantes alcoolisées, 

Une suspension « à titre conservatoire » qui s’étendra jusqu’au 31 décembre.

Les autorités ivoiriennes soulignent que la mesure s’inscrit « dans le cadre de la préservation de la santé publique, face à l’augmentation de la consommation alarmante d’une drogue appelée Kadhafi, une substance à base de tramadol combiné à des boissons énergisantes alcoolisées ».

Lundi 23 octobre, dans une note conjointe, le ministère du Budget et la direction des douanes ivoiriennes ont invité l’ensemble des importateurs et exportateurs au respect strict de cette interdiction, et averti que toute violation serait passible de sanction.

La décision intervient alors que la drogue incriminée fait des ravages auprès de la jeunesse ivoirienne, depuis plusieurs mois. Commercialisée bon marché, la drogue Kadhafi provoque des effets secondaires dangereux, voire la mort. Ces derniers mois, sa consommation a explosé, largement diffusée en « trend », notamment sur Tik tok, par des jeunes. Ce, en dépit des mises en garde.

L'Ordre national des pharmaciens de Côte d’Ivoire (ONPCI)  a réagi le 3 octobre 2023 au phénomène.

Le président ladite organisation, Arounan Diarra, interpelle les autorités et les populations sur les conséquences néfastes de tels agissements chez les jeunes et fait des propositions pour éradiquer le phénomène. « Le phénomène Kadhafi est une conséquence du trafic illicite des médicaments. Il faut donc lutter efficacement contre ces pratiques. Nous interpellons les populations à se détourner des propos irresponsables de ces vendeurs d'illusions, de fréquenter les centres de santé classiques et de s'approvisionner en médicaments dans les structures dédiées, notamment les pharmacies », conseille-t-il.

Face à l'ampleur du phénomène, le gouvernement a déclaré une guerre sans merci contre les fabriquants et consommateurs de la drogue « Kadhafi ».

En septembre dernier, la gendarmerie a mis la main à Ferkessédougou sur 16.000 gélules et comprimés de Tramadol, Tramaking 250mg, Tramaking 225mg et Tafrodol caps 120mg, classés comme médicaments de qualité inférieure et falsifiés (MQIF), sont utilisés dans la fabrication de « Kadhafi ». La valeur de ces substances prohibées est estimable à 11 millions 750 mille FCFA.

Aussi, 927 kg de comprimés ont été saisis le 12 septembre à San Pedro, ensuite sur le marché d’Adjamé à Abidjan, où la branche « Roxy », consacrée aux médicaments, a été provisoirement fermée après diverses saisies…

Contrairement à d’autres stupéfiants, prisés des jeunes des classes moyennes et supérieures, le kadhafi avait pour lui l’avantage d’être peu cher, entre 200 francs CFA et 500 francs CFA (entre 0,30 euro et 0,76 euro) par comprimé, selon les quartiers. Mais depuis que TikTok s’en est mêlé, les nombreuses saisies ont fait flamber les prix. Il est rare désormais de le trouver pour moins de 1 000 francs CFA, voire 1 500 francs CFA.

"Un appel est donc lancé au législateur afin qu’il ait un regard sur cette nouvelle substance psychoactive et la classée comme une drogue au même titre que l’éphédrine, le rivotril et le diazepam", a précisé un juriste.

Le phénomène est né d’un morceau du groupe 100 Papo, quasi inconnu jusque-là, qui a posté cet été sur le réseau social TikTok un extrait de chanson. Les paroles, en nouchi, l’argot ivoirien, répétées en boucle : « Je veux wôrô mon kadhafi » peuvent se traduire par « Je veux me défoncer au kadhafi ». Sur les images qui circulent depuis sur les réseaux sociaux, des jeunes se mettent en scène sous l’emprise de la drogue, ou simulant ses effets : hagards, tenant à peine debout, les mâchoires parfois crispées ou le visage couvert de sueur… Le kadhafi fait même désormais l’objet de défis chorégraphiques.

 

Last modified on jeudi, 26 octobre 2023 20:39

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